Ahhh, Carl! On s’est rencontré durant le milieu du secondaire, à cause d’un ami en commun. Il a vite été « one of the boys » et s’est intégré à notre bande de potes en un rien de temps. On a fait des films amateurs ensemble, une comédie musicale, des soirées entre amis et j’en passe. Maintenant, je peux dire que Carl fait partie de ce cercle que j’appelle mes bons vieux amis, et j’en suis fier. Sacré Révélation Radio-Canada en jazz pour 2020-2021, Carl Mayotte a déjà 2 albums sous la cravate et est sur le point d’en lancer un nouveau, nommé ESCALE. Dans cette entrevue, vous en apprendrez plus sur cet artiste qui est en ascension constante vers les étoiles.
Parle-moi un peu de toi :
« Carl Mayotte, 28 ans, workaholic assumé, souverainiste et un fier gars de la ville de Québec. Ma plus grande passion dans la vie c’est la musique, et ce, depuis que j’ai 13 ans. Je me définis pas mal par ça et c’est comme ça que j’y ai construit ma confiance personnelle. Parler de moi revient souvent à parler de mon univers musical : honnête, déjanté et authentique. Je suis un fan de lutte, de hockey, j’aime les jeux vidéo, le cinéma et j’aime la bouffe. »
Une cause qui te tient à cœur :
« La musique chez les jeunes. De la rendre la plus accessible possible. Au cours des dernières années, il y a tellement de programmes de musique qui ont dû fermer (harmonie, petits ensembles, etc.). C’est souvent la musique qui se fait couper ses programmes en premier lorsqu’il y a des coupures, malgré que ce soit aussi important que le sport dans la vie étudiante d’une école. »
Ce qui te met hors de toi :
« Les inégalités sociales, surtout économiques. De voir que des gens ont de la misère à y arriver. L’augmentation des loyers, le prix de la bouffe qui monte. Personnellement, ça me touche, car je suis musicien et ce n’est pas les plus gros salaires du monde, mais je me dis que je suis quand même privilégié, car il y a bien des gens qui, en ce moment, doivent bad tripper solide avec tout ce qui se passe. Depuis l’été dernier, j’ai comme un regain de colère et mon vieux côté marxiste est pas mal ressorti. »
Est-ce que tu t’impliques dans ta communauté? :
« J’enseigne depuis 5-6 ans au Camp Musical Saint-Alexandre (qui fête ses 50 ans cette année), dans le Kamouraska, une semaine par année. Cependant, cette année on crée un nouveau camp de jazz pour les gens de 15 à 96 ans et plus, pour permettre aux gens de se rencontrer.
C’est sûr que je trouve que je ne m’implique pas assez à mon goût. Je devrais faire du bénévolat dans ma communauté, comme ma mère qui vient de s’y mettre justement. »
Ton plus beau voyage au Québec :
« Les Îles-de-la-Madeleine, l’été dernier. Ça a été une belle découverte de prendre la route jusqu’au traversier et de vivre l’énergie de ces gens-là : leur énergie et leur joie de vivre se ressentent instantanément! L’air frais, la bouffe incroyable et jouer de la musique devant un public de 150 personnes (exceptionnel pendant la pandémie).
Il y a beaucoup de gens de notre âge qui ont voyagé dans plusieurs pays et c’est merveilleux, car ça fait de nous une génération plus ouverte sur les autres cultures et mentalités. J’espère, en tout cas. Cependant, je n’ai jamais ressenti ce désir du voyage, parce que très tôt je voyageais à cause de la musique et je me suis toujours satisfait du Québec. Que ce soit pour ces paysages de la mer ou bien la forêt, quand on rentre dans les terres, au Saguenay–Lac-Saint-Jean par exemple, il y a quelque chose de purement québécois. Une sorte de beauté, de racine à l’état pur que j’adore aussi. T’sais une rivière noire entourée de sapins baumiers, y’a quelque chose de vrai que j’aime là-dedans. »
L’endroit que tu aimerais le plus visiter au Québec? :
« En ce moment, je dirais l’Abitibi. Je n’y suis jamais allé, mais j’aimerais vraiment ça! »
Plus jeune, aimais-tu l’école? :
« Toujours adoré l’école, beaucoup, beaucoup, beaucoup! C’est pour ça que j’ai continué aussi loin en musique, jusqu’à une maîtrise. J’ai toujours aimé le fait d’apprendre des choses, de lire, de lever la main en classe pour poser des questions et d’aller jaser après le cours avec les profs pour avoir des discussions plus personnelles et savantes. Mon moment préféré a assurément été le cégep (Campus Notre-Dame-de-Foy), où j’ai développé pour la première fois un sentiment d’appartenance à la communauté étudiante. »
Ta relation avec le temps :
« J’ai eu des blessures dans ma vie qui m’ont permis de prendre conscience qu’il fallait s’arrêter un peu pour prendre soin de soi. J’ai fait 1000 affaires en même temps pendant 5 ans, sans arrêt, et j’en ai eu des séquelles. Il a fallu que j’arrête de jouer pendant 3 mois pour me remettre sur pied. Ça a été très dur, surtout quand toute ta vie et ta confiance personnelle reposent sur ça. Ça fait réfléchir, parce que maintenant je pratique 2-3 heures par jour maximum au lieu de 8-10 heures.
J’ai appris à entendre parler mon corps, à l’écouter et je peux même dire que les heures où je pratique maintenant, même si elles sont moins nombreuses, sont beaucoup plus efficaces qu’avant. Je suis tellement passionné par ce que je fais, que ça m’arrive encore parfois de perdre la notion du temps en pratiquant. J’ai comme une peur viscérale d’oublier comment jouer si je ne pratique pas durant une ou deux journées. »
« J’ai comme une peur viscérale d’oublier comment jouer si je ne pratique pas durant une ou deux journées. »
Ta plus grande réussite personnelle :
« D’être heureux et d’essayer de rendre les gens autour de moi heureux. Les journées où je pense y avoir contribué, je suis très fier de moi. »
Ta plus grande réussite professionnelle :
« C’est de pouvoir gagner ma vie avec la musique que je fais et que j’aime. C’est mon rêve depuis que je suis adolescent. C’est un travail constant, c’est jamais sûr chaque année, mais là ça fonctionne et j’en suis fier et chanceux. »
Parle-moi de ton prochain album ESCALE :
« C’est un album très spécial pour moi, car c’est moi qui l’ai enregistré. Je voulais travailler l’aspect de tout réaliser, allant du mixage jusqu’à l’enregistrement. J’ai expérimenté pas mal en faisant plusieurs résidences en 2021, j’ai donc pu faire plusieurs tracks de basse tout seul. Par la suite, je me suis dit “Ah ben, je pourrais rajouter des percussions”. Alors là, j’ai décidé d’enregistrer mon ami percussionniste pour explorer plusieurs instruments, comme un kanoun oriental, par exemple.
Ça m’a sorti de ma zone de confort, car habituellement je réfléchis énormément avant la création. Pour tout matérialiser dans mon esprit, avant de cela mettre sur papier. Avec cet album, j’y allais plus avec mon instinct et de manière organique. C’est pour ça que son nom est ESCALE. Il était un peu comme une pause, avant de pouvoir repartir pour aller ailleurs. Créer ce projet m’a fait beaucoup de bien. »
Qui est ta plus grande source d’inspiration, et pourquoi? :
« Y’en a tellement, c’est impossible d’en nommer qu’une! Que ce soit mes amis (toi, Phil, Francis), mais aussi tous les musiciens avec qui je joue et ma blonde qui m’inspire tous les jours. Mes parents, ma sœur je me compte chanceux d’être bien entouré!
Mais sinon, en lien avec la musique, il y a un guitariste de jazz, Pat Metheny. Le bassiste Jaco Pastorius, Janek Gwizdala, qui est un de mes bassistes préférés, mais aussi un vrai business man de la musique, qui m’inspire à me dépasser et à persévérer. »
Ton repas préféré :
« Une bonne soupe et un sandwich, du genre crème de champignons et sandwich au jambon haché. T’as pas idée à quel point ça me rend heureux! »
Le métier que tu voulais faire quand tu étais petit :
« J’aurais aimé être animateur d’une émission de hockey. Quand j’avais 7 ans, je disais tout le temps que je voulais être historien du sport. »
Sucré ou salé :
« Ohhh les deux. Égal. Je suis pas mal bi-gustatif haha! »
Ta saison préférée :
« L’automne »
Ton objet préféré :
« Ma basse électrique »
Ton odeur préférée :
« Celle du coton frais, t’sais quand le linge sort de la sécheuse! Sinon, tu sais, je suis quelqu’un de nostalgique dans la vie, et l’odeur des vieux sous-sols un peu humides me remplit de nostalgie! »
Ton artiste visuel préféré :
« J’ai toujours aimé les œuvres de Jean-Michel Basquiat. »
Ta fête préférée :
« Ça a pas mal tout le temps été l’Halloween, parce que j’aime me déguiser. J’ai toujours détesté la fête de Noël pour le côté matérialiste, mais j’apprends à la redécouvrir pour son côté familial, la petite neige et la bouffe. »
La toune que tu as dans la tête présentement :
« C’est la chanson Wouldn’t It Be Nice des Beach Boys! »
Pour en apprendre davantage sur Carl Mayotte, son site web est ici. Vous pouvez écouter ses deux premiers albums et son podcast Les Gars du Prog (avec Philippe Tremblay) sur toutes les plateformes de musique en continu.
Pour le suivre sur Instagram, c’est ici, Bandcamp ici, Facebook, ici. Son très attendu nouvel album ESCALE, sortira en mai prochain. D’ici là, bonne écoute
Révision linguistique : Gabrielle Bernier