Kanen : Le temps d’un latté au parc Jarry

0 Shares
0
0
0

J’ai connu Kanen lorsqu’elle a fait un takeover du compte Instagram de Safia Nolin l’an dernier. Depuis cette découverte, j’ai l’impression de voir cette talentueuse artiste un peu partout. Vous l’avez peut-être vue en duo avec un certain Louis-Jean Cormier ou bien une douée Elisapie. De plus, elle est en nomination pour la première fois cette année au Gala de l’ADISQ. Je suis tombé sous le charme de ses compositions, bien sûr, mais aussi de son naturel fou et de son rire contagieux. Voici Kanen, une artiste, mais aussi une personne à découvrir!

Parle-moi un peu de toi :

« Moi c’est Kanen, je suis une femme autochtone innue. Je viens de la communauté de Uashat Mak Mani-Utenam, plus précisément à Maliotenam (Malio), à 15 minutes de Sept-Îles. Je suis auteure-compositrice-interprète. »

Kanen
Kanen
Photo : Alexandre Rochette

Une cause qui te tient à cœur :

« C’est sûr que tout ce qui touche la cause autochtone me tient à cœur, mais quand on y pense, cette cause-là touche plein d’autres affaires, des sous-catégories. Que ce soit l’environnement ou même le féminisme, tout est finalement relié. »

Ce qui te met hors de toi :

« Qu’est-ce qui me met hors de moi? Ça m’en prend bien gros pour me fâcher, mais je pense que, en général, c’est quand une personne est irrespectueuse envers quelqu’un d’autre. »

Est-ce que tu t’impliques dans ta communauté? :

« Oui c’est sûr, c’est un truc que je fais. On dirait que je n’ai pas d’exemples à donner, mais j’aime beaucoup faire du bénévolat en ce moment dans des festivals ou des organismes. Faire du mieux que je peux pour aider et m’impliquer dans ma communauté me revient souvent en tête.

Aussi par la prise de parole, j’essaie d’utiliser mes plateformes ou la scène pour passer des messages, pour parler de causes qui sont vraiment importantes. Ça va jusque dans mes sujets de chansons qui peuvent, par exemple, parler de la perte d’identité, puis aussi des problèmes sociaux actuels pour sensibiliser le public le plus possible. »

Kanen
Kanen
Photo : Alexandre Rochette

Ton plus beau voyage au Québec :

« À date, j’ai pas mal de fun et je retourne pas mal tous les étés dans le coin de Petite-Vallée en Gaspésie à cause du Festival en Chanson. C’est tellement beau là-bas, pis ce qui rend le voyage si agréable, oui il y a le paysage, mais aussi la vibe des gens qui sont là, les souvenirs que tu crées. La majorité de mes meilleurs souvenirs d’été sont là-bas, car sinon à part de ça je ne sors pas souvent haha. Cet été je suis partie en tournée, c’était ma première fois, c’était quelque chose.

Je suis capable de comprendre les gens, maintenant, qui disent que la vie de tournée n’est pas si glamour que ça. Les gens pensent que l’on voyage partout et que l’on visite tous les endroits, mais la réalité c’est qu’on arrive, on fait les tests de sons, on fait le spectacle puis au final, on a juste 2 heures à tuer seulement. Contrairement à Petite-Vallée où j’y allais souvent en résidence, j’ai eu le temps d’apprivoiser le rythme et l’ambiance de la ville. »

L’endroit que tu aimerais le plus visiter au Québec? :

« Je dirais que je n’ai pas eu vraiment la chance d’aller au Nutshimit, ce qui veut dire l’intérieur des terres en langue innu-aimun. C’est le territoire où ma communauté va pour aller chasser et pêcher et se promener dans le bois. C’est sur le chemin du train entre Sept-Îles et Schefferville et je n’ai jamais eu la chance de le faire. Tout le monde m’en parle, il faut que je le fasse, on dirait je suis une des seules qui n’est pas encore allée haha. Donc c’est ça, prendre le train de Sept-Îles pour aller visiter le territoire. »

Kanen
Kanen
Photo : Alexandre Rochette
Kanen
Kanen
Photo : Alexandre Rochette

Plus jeune, aimais-tu l’école? :

« Pas vraiment, je n’étais pas quelqu’un de concentré et je n’étais pas si bonne que ça aussi. J’ai revu des bulletins de mon école primaire et secondaire dernièrement et ce n’était vraiment pas des grosses notes que j’ai eues. En ce moment, je trouve que je suis vraiment dans une bonne période de ma vie parce que je ne suis plus à l’école. En fait je n’étais pas bonne pour tout ce qui était maths, sciences et compagnie, mais sinon j’aimais beaucoup le français, la littérature. J’ai réussi à me réconcilier avec l’école. »

Ta relation avec le temps :

« J’ai encore une relation compliquée avec le temps, surtout à Montréal, c’est un autre rythme comparé à Malio, ou en région en général. En ce moment, j’essaie d’intégrer le temps dans mon corps, j’essaie de me dire : “Tu peux pas partir 10 minutes avant un rendez-vous”. Il faut que je planifie plus pour gérer mieux mon temps. Puis, ce qui est drôle, c’est que quand je retourne à Malio, je suis trop vite pour mes amis ou ma famille haha! »

Kanen
Kanen
Photo : Alexandre Rochette

Ta plus grande réussite personnelle : 

« Que je sois maintenant capable de m’aimer, de me trouver belle. J’avais beaucoup de difficulté durant mon adolescence et au début de ma vingtaine, mais maintenant ça s’est beaucoup amélioré. J’apprends à me dire que je peux m’habiller n’importe comment. À cause de mon poids, je n’étais pas confortable de porter des crop tops, mais avec l’aide de mes amis, je me suis sentie prête à le faire cet été.

J’ai même fait Les Francos en crop top cet été, je n’aurais jamais fait ça avant. Si j’avais fait Les Francos quelques années plus tôt, j’aurais opté pour des vêtements qui cachent le plus possible mon corps. Je m’assume maintenant pour mon “moi entier”, comment je m’habille, mais aussi mon identité en tant que femme autochtone queer. C’est important d’être bien entourée pour pouvoir cheminer, grandir. J’ai des bons amis! »

« J’apprends à me dire que je peux m’habiller n’importe comment […] J’ai même fait Les Francos en crop top cet été, je n’aurais jamais fait ça avant. »

Qui est ta plus grande source d’inspiration, et pourquoi? :

« Je dirais ma mère, qui est directrice générale dans un centre de thérapie dans la communauté et elle est présentement dans un retour aux études. Elle nous a toujours traités de façon équitable, elle est aimante et travaillante, c’est un bon modèle. »

Kanen
Kanen
Photo : Alexandre Rochette
Kanen
Kanen
Photo : Alexandre Rochette

Ton repas préféré :

« Tout ce qui est comfort food, mais pour vrai une bonne soupe aux pois et un grilled cheese haha! (spécialement quand il pleut) »

Le métier que tu voulais faire quand tu étais petite :

« Je voulais être prof d’histoire. »

Sucré ou salé :

« Salé »

Ta saison préférée :

« L’automne »

Ton objet préféré :

« J’allais dire ma table tournante, mais elle ne marche pas haha… mais je l’aime full. Mais pour vrai, en ce moment, c’est mon vélo. J’aime ça arriver vite, ça me permet d’aller du point A au point B plus facilement et rapidement, surtout à Montréal. »

Kanen
Kanen
Photo : Alexandre Rochette
Kanen
Kanen
Photo : Alexandre Rochette

Ton odeur préférée :

« L’odeur des branches de sapin, précisément à cause de l’intérieur des tentes innues, à cause que l’odeur du conifère y est exposée en 1000. »

Ton artiste visuel préféré :

« J’aime beaucoup Meky Ottawa, ses visuels sont tellement beaux. »

Ta marque québécoise de vêtement préférée :

« Je dirais Faures! Ahhh et aussi Lachapelle Atelier. »

Ta fête préférée :

« L’Halloween parce que c’est là que je peux me maquiller vraiment cool et j’aime trop les citrouilles haha! »

La toune que tu as dans la tête présentement :

« C’est Réponds de Lou-Adriane Cassidy, ses mélodies sont tellement fortes. J’aime beaucoup cette artiste-là, je l’écoute beaucoup, tout le temps! »

Pour suivre Kanen sur Instagram, c’est par ici: @kanen_pinettefonfaine

Révision linguistique : Gabrielle Bernier

0 Shares
2 comments

Comments are closed.

You May Also Like