Benjamin Proulx, je le connais très bien. En fait, il fait partie de ma famille, c’est le frère de mon chum… Mon beau-frère! On a le même âge et on a beaucoup d’atomes crochus, donc pas besoin de vous dire qu’on s’est bien entendu tout de suite. Je suis très chanceux de le compter parmi mes proches parce que c’est une personne extraordinaire. Bon… trêve d’encensement haha. Ok, un dernier compliment, Ben est un musicien hors pair et est justement sur le point de sortir son premier album qui tombe à pic avec le groove estival qu’on a tant besoin.
Parle-moi un peu de toi :
« Moi c’est Benjamin Proulx, 28 ans, je suis montréalais, natif de Sept-Îles et passionné de musique depuis toujours. La musique, c’est ma vie. J’ai plein de passions, outre la musique, j’adore le café (rien de mieux qu’un petit café third wave). C’est une passion que j’ai découverte sur le tard. Ç’a été long avant que j’en boive, mon frère Antoine voulait toujours en boire avec moi, mais je n’aimais pas tant ça.
Un moment donné une fois que j’ai commencé à travailler comme technicien pour réparer des cafetières, j’ai découvert ce monde fascinant qui me rappelait celui du vin. Je ne me considère pas comme caféinomane non plus, je suis capable de passer une journée sans café, même si au final c’est un véritable plaisir. »
Parle-moi de ta ville natale :
« Je viens de Sept-Îles et on peut dire que je suis vraiment attaché à ma région, j’aime ça la représenter ici, à Montréal, avec mes amis. J’ai l’impression que mon bagage de vie est à Sept-Îles, même si ça fait 7 ans que je vis dans la métropole. C’est quand même là que je me suis construit en la personne que je suis en ce moment.
Je suis aussi un amoureux du plein air : quand tu grandis dans un aussi beau terrain de jeu, tu n’as pas vraiment d’autre choix que d’en profiter déjà très jeune. Ce sont de belles valeurs inculquées.
C’est surtout grâce à Sophie, ma blonde, qui est tombée dedans quand elle était jeune. Avec ses parents, ils faisaient beaucoup de hiking, ils allaient aux États-Unis pour les montagnes, le vélo, le kayak, le canot pis toute le kit. Mes parents sont un petit peu moins plein air dans la vie, ils aiment la plage et les balades, mais on ne faisait pas beaucoup de camping ou de randonnées quand on était petits. »
Une cause qui te tient à cœur :
« La cause environnementale. Sa dégradation me stresse tous les jours et les extrêmes climatiques que l’ont vit de plus en plus viennent me chercher et me rendent anxieux. J’aimerais pouvoir contribuer plus et savoir comment être une meilleure version de moi-même à ce niveau-là. »
Ce qui te met hors de toi :
« C’est quand même cocasse et pas très poétique, mais c’est le traffic du matin. Surtout de voir que tout le monde est seul dans leur voiture, ça me frustre. »
Quels sont les artistes québécois qui t’animent en ce moment ? :
« Il y en a beaucoup, mais je vais commencer avec les principaux. Celui qui m’a influencé depuis toujours : Louis-Jean Cormier, parce qu’il fait partie de mon quotidien. Natif de Sept-Îles dont ses parents ont bien connu mes parents. J’ai un attachement fort à Louis-Jean, même s’il ne me connaît pas… Salut Louis-Jean <3.
Sinon je dirais Simon Kearney, petit gars de Québec, étoile montante de la Pop and Roll, que j’ai croisé justement dans la rue il y a quelques jours. On s’est piqué une petite jasette. J’adore ce qu’il fait! Je dirais aussi Ariane Roy, une autre artiste de Québec que j’aime beaucoup aussi. Et je vais y aller avec une découverte récente : Virginie B. Les artistes d’ici que j’écoute sont pas mal tous dans la même vibe. Ahhh oui, j’adore Les Louanges et Hubert Lenoir bien sûr (autres petits gars de Québec) et Choses Sauvages aussi. »
Ton plus beau voyage au Québec :
« En Minganie, plus précisément à Sheldrake, d’où viennent mes ancêtres, du côté de mon père. J’ai fait un voyage avec ma blonde Sophie, il y a une couple d’années, pis on est allé faire du camping là-bas. C’est la plus belle place au Québec, je pense honnêtement. C’est incroyable, c’est un petit village à côté de la mer qui est resté préservé de la modernité. »
L’endroit que tu aimerais le plus visiter au Québec? :
« L’Île d’Anticosti. C’est quand même proche de Sept-Îles en plus, mais je n’ai jamais eu la chance d’y aller. En plus, ma grand-mère est née là-bas. »
Plus jeune, aimais-tu l’école? :
« Malheureusement, pas tant. Je n’étais pas très bon et j’étais très distrait à l’école. Je pensais juste à la musique haha. Je me suis fait des amis en masse et j’en ai encore quelques-uns à Sept-Îles de ce temps-là. »
Ta relation avec le temps :
« Je suis très nostalgique dans la vie, je me projette souvent dans le passé. J’aime me rappeler de bons souvenirs. Tu découvres des facettes de ton beau-frère haha, tu vas le trouver dark pis nostalgique, tu vas voir. »
Ta plus grande réussite personnelle :
« D’avoir réussi à faire ma vie ici à Montréal et d’être confortable et bien. Parce que Sept-Îles et Montréal, pour ceux et celles qui ne savent pas, c’est 1000 km de distance, minimum 10 heures de route. Quand tu décides de déménager aussi loin que ça, tu as l’impression de changer de pays.
Montréal, ça semble très gros, très épeurant, mais au final je suis fier de m’être acclimaté, de m’être fait des contacts, des amis, avoir un appart, un char pis d’être encore avec ma blonde (ça fait 11 ans maintenant que je suis avec elle). Avant, quand je visitais ma famille sur la Côte-Nord, je pensais à Montréal sans trop avoir hâte d’y retourner, mais maintenant je me sens chez moi aux deux endroits. »
Ta plus grande réussite professionnelle :
« C’est d’avoir gagné un Juno avec un band de musique traditionnelle, Le Diable à Cinq, que j’accompagne au drum sur l’album Debout! C’est une belle reconnaissance de ce que tu accomplis dans ton milieu. »
Parle-moi de ton prochain album Illusoire :
« C’est un album sans prétention, mais duquel je suis très fier car je l’ai réalisé au grand complet tout seul. J’ai composé, écrit les paroles, je me suis enregistré et tous les instruments, à l’exception de trois, le saxophone, la flûte traversière et une track de basse par mon père, Jacques Proulx, que je tenais à intégrer dans mon projet. Je suis capable de jouer de la basse, mais lui est vraiment pro! C’est lui qui m’a initié à la musique et je voulais tellement qu’il participe à l’album, c’est un peu comme un mini hommage. »
Je dis un album sans prétention, parce que je n’ai pas nécessairement le projet de faire des spectacles, de devenir connu, je le vois plus comme une carte d’affaires musicale. Je suis batteur à la base, mais je me suis redirigé vers la production audio en studio. Ça va permettre aux gens du milieu de savoir ce que je suis capable de faire, ce qui m’allume et de faire des collaborations. Peut-être même d’aider à produire des albums de façon professionnelle. »
Parle-moi de la pochette de ton album, pourquoi un traversier? :
« Le concept de l’album, je l’ai trouvé avec Sophie. Le visuel allait être à propos des traversiers parce que j’ai l’impression d’avoir un lien fort avec eux (ç’a l’air niaiseux dit de même, mais je m’explique). Quand j’étais jeune, étant de Sept-Îles, mais ayant de la famille sur la Rive-Sud dans le Bas-Saint-Laurent, on prenait souvent le traversier Godbout ou Baie-Comeau vers Matane. C’est impressionnant de rentrer avec la voiture dans le gros bateau pour une traversée de deux heures et demie. Le fleuve est tellement large là-bas, on ne voit pas de l’autre côté et ça fait peur un peu avec la houle quand tu es enfant.
Donc, pour faire une histoire courte, ça fait une métaphore de moi qui avais peur de faire ma propre musique, de me lancer à fond dans mes projets personnels. J’ai toujours senti que je devais le faire, mais je n’osais pas. Chaque traversée est un accomplissement, peu importe si la mer était calme ou mouvementée. »
Qui est ta plus grande source d’inspiration, et pourquoi? :
« On peut revenir à Louis-Jean Cormier, ç’a été un coup de cœur dès le départ. Je l’ai découvert avec Karkwa, comme beaucoup de gens. J’ai eu un accès privilégié de son univers étant donné qu’il vient lui aussi de Sept-Îles. Mes parents connaissaient ses parents, mon père le connaît personnellement un peu aussi. Je l’ai vu se développer comme artiste, j’ai été témoin de sa montée et de son évolution. J’ai toujours trouvé sa musique inspirante et unique, il n’y a personne qui fait les choses comme lui, sa musique ne ressemble à rien qui a déjà été fait, rien n’est fait au hasard. Quand tu essaies de reproduire ses tounes, t’es pas capable. Il y a une complexité, il faut que tu écoutes et que tu prennes le temps de pratiquer. C’est le genre de musique que tu mets sur vinyle, tu t’assois avec ton café et tu apprécies son travail parce que c’est un moment cérébral.
Je l’ai déjà rencontré sur le fly à Sept-Îles après un show, mais j’aimerais surtout collaborer avec lui, le rencontrer dans la musique, professionnellement. Aller en studio pis jaser de musique, mais qu’on gosse sur des instruments pis qu’on joue ensemble. Je m’écoute parler pis je sonne comme un méchant groupie, mais il a toujours été une grande inspiration depuis que j’ai commencé à faire de la musique, surtout après avoir commencé à jouer de la guitare et à chanter. »
Ton repas préféré :
« Je vais dire des grillades végés sur le BBQ : des légumes grillés, une petite saucisse Gusta et du bon riz, miammmm! »
Le métier que tu voulais faire quand tu étais petit :
« Vite comme ça, je dirais pompier. Je voulais sauver des gens, les aider, probablement à cause de ma mère qui était infirmière. »
Sucré ou salé :
« Sucré, bien sûr »
Ta saison préférée :
« Automne »
Ton objet préféré :
« Je pense que je dirais ma guitare, je sais que c’est cliché pour un musicien, mais quand je suis chez moi, j’ai toujours une guitare dans les mains. Entre le souper et la vaisselle ou avant le dodo, je suis toujours en train de gratter la guitare. »
Ton odeur préférée :
« L’odeur du sapin, pis il n’y en a pas assez dans ma vie. C’est une odeur incroyable. »
Ton musicien préféré :
« Louis-Jean Cormier haha… Non je vais dire Stevie Wonder, c’est un musicien incroyable qui a tout compris de la musique, selon moi. »
Ta fête préférée :
« L’Halloween. J’ai toujours eu un faible pour cette fête, peut-être parce que je suis une bibitte à sucre. En vrai, j’ai passé aux portes jusqu’à très tard, genre secondaire 4-5. J’ai pensé souvent me mettre à genoux avec un masque pour que les gens pensent que je suis jeune. J’aime beaucoup les films d’horreur et tout ce qui fout les jetons. »
La toune que tu as dans la tête présentement :