Les boîtes de dons : toute la vérité

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Au début d’une nouvelle année, les résolutions sont souvent une tradition pour plusieurs. L’une d’elles qui revient souvent en tête de liste est le désencombrement. On fait des sacs de vêtements défraîchis, passés mode ou bien dont on souhaite simplement se départir. La boîte de dons semble ainsi la meilleure alternative pour mettre fin au fouillis de votre penderie. Facile et efficace? Du moins, c’est ce que l’on croit!

Ce n’est pas de notre faute, on s’est tellement fait rentrer dans le crâne que de donner des sacs remplis d’habits usagés c’est bien, mais ce que l’on sait peu, c’est qu’outre le positif, de réelles conséquences négatives en découlent aussi. Ce principe a un nom : le clothing deficit myth, qui nous fait croire que lorsque l’on dépose des vêtements dans un de ces contenants, ça va directement aux gens qui sont dans le besoin. Je suis désolé de briser cette bulle utopique, mais la réalité est malheureusement toute autre.

Don de vêtements
Photo : Alexandre Rochette

Premièrement

Les centres de dons sont ensevelis sous des tonnes de vêtements à donner. Ils vont donc en sélectionner quelques-uns seulement, pour vendre dans leurs magasins, mais la grande majorité d’entre eux ne se feront jamais amis avec les cintres de leurs friperies. Pour la plupart de ces centres, la vente de palettes de vêtements usagés à des tiers est inévitable. Ceux-ci vont les envoyer dans des zones en voie de développement comme en Amérique centrale ou en Amérique du Sud et en Afrique de l’Ouest par exemple. Le Kenya, en 2016, fut le pays qui a reçu le plus de vêtements usagés provenant des boîtes de dons du Canada. Mais détrompez-vous, ces vêtements ne feront pas toujours le bonheur des plus démunis. 

« Ainsi, de 80 à 90 % des vêtements donnés ne sont pas revendus au Canada. Où se retrouvent-ils alors? »

Radio-Canada, 2018

Deuxièmement

Parce que le recyclage des fringues est encore marginal, la plupart de ces vêtements se retrouveront quand même dans des sites d’enfouissement ou brûlés. C’est dur de recycler les tissus, car la plupart ont une composition mélangée de matières. Un mélange de coton et d’élasthanne pour un jeans ou bien de l’acrylique et de la laine pour un foulard, par exemple. Heureusement, parfois les vêtements plus endommagés, de ces boîtes de dons, sont envoyés en Inde et retrouvent une seconde vie en servant à la fabrication de tapis ou de produits d’isolation, mais imaginez tout le chemin parcouru pour finalement peut-être ne jamais être réutilisés ou même recyclés.

Boîte de dons
Boîte de dons
Photo : Antoine Proulx

Troisièmement

Ce n’est pas toujours bon pour les économies de marché des pays en développement qui reçoivent ces vêtements en quantités astronomiques. Effectivement, ces vêtements de seconde main seront vendus tellement peu cher, que presque tout le monde là-bas préférera en acheter plutôt qu’encourager une compagnie ou un designer local. Ces vêtements de tous les jours ont remplacé les habits traditionnels de plusieurs. Au moins, on peut se consoler que ces vêtements vendus auront une deuxième vie, mais malheureusement une partie considérable de ces indésirables occidentaux remplira leurs sites d’enfouissement déjà mal en point avec nos déchets.

Quatrièmement

Essayez de bien vous informer, si vous en avez l’envie, avant de mettre ultimement un sac dans une boîte de dons, car parfois certaines peuvent être illégales. Effectivement, certaines ne portent aucun logo d’organisme de bienfaisance, mais leurs propriétaires vous enivrent avec de belles paroles en y apposant sur la boîte des discours clamant la contribution à l’emploi local, par exemple. Détrompez-vous, ces vêtements sont directement vendus à des tiers et ne sera d’aucune aide pour votre communauté.

Bref

Réduire sa consommation semble la meilleure solution à tous les coups. La réalité, c’est que l’on consomme beaucoup trop et que si on en a la chance, acheter de qualité permettra de réduire la quantité de vêtements donnés dans le temps. C’est sûr qu’au final, donner c’est bien, mais si jamais vous en avez assez de votre pull ou de votre pantalon, l’échanger à un ami ou le donner directement à quelqu’un qui en a plus besoin que vous est préférable.

Pour en savoir plus sur la durabilité du coton et du polyester, lisez l’article ici. Pour en apprendre davantage sur la durabilité dans la garde-robe c’est ici.

Révision linguistique : Gabrielle Bernier

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